Très chère Véronique,
C'est à toi aujourd'hui que j'ai envie de parler, c'est à toi que je voudrais envoyer quelques mots.
Il y a quelques jours, par inadvertance, je tombai sur ton site, ce site terrible, fabriqué à la fois d'Amour et de si profonde tristesse.
Je suis, Véronique, extrêmement marquée, touchée par tout ce que j'ai lu sur ces pages où se mêlent ces sentiments si opposés : amour, chagrin, colère, tristesse etc.... Tous ces derniers jours, je pense et repense sans cesse à ta maman et à ton papa, à leur inconsolable peine. Je sens au fil du journal de ta maman, son découragement, la perte d'espoir, le manque d'intérêt pour sa vie, la fatigue de ta mémé, le trou immense que tes parents ne peuvent pas et ne veulent pas combler depuis ton départ dans cette autre vie, comme dit ta maman. J'ai tellement de peine pour cette maman si aimante, je me sens si démunie, et je voudrais pourtant l'aider un peu.
Alors j'ai voulu essayer (je dis seulement essayer...pour aider ta maman, pardon pour cela, n'en sois pas choquée.) de me mettre à ta place, comme tu dois l'être dans l'esprit de ta maman : ailleurs, loin certes, mais près aussi, et la regarder vivre.
Il m'a semblé alors que si j'étais à ta place, ne pouvant rien faire pour revenir dans les bras de ma maman tant aimée, je souffrirai vraiment terriblement de la voir ainsi ne pas surmonter ce chagrin. De là où je serai, je pleurerai sans cesse de la voir ainsi déborder de chagrin tous les jours, tous les jours, tous les jours..... Alors je descendrai vers elle et je lui parlerai à l'oreille et je lui dirai :
" Maman, ma petite maman adorée, je t'aime, je t'aime, je t'aime tellement. Mais par pitié, Maman, fais moi plaisir, je ne peux pas revenir dans tes bras, alors par pitié ne me fais pas autant de mal en TE faisant autant de mal. Je veux que tu vives mieux, maman chérie, je veux que tu souris à nouveau, je veux que tu surmontes ta peine. Je connais tellement l'ampleur de ton amour ; tu n'as plus besoin, maman de me le prouver en pleurant ainsi autant sur quelque chose qui ne reviendra pas.
Je te regarde et quand tu pleures, je pleure;
Quand tu hurles ta colère et ton impuissance, je ne peux rien faire pour toi ; alors je souffre encore et encore.
Quand tu te laisses aller à ton chagrin, que tu n'as plus envie d'aimer, que tu deviens agressive comme tu le dis toi même, alors je souffre, je souffre de là où je suis et je suis torturée de ne pouvoir te consoler.
Mon âme n'aura pas de repos tant que je ne verrai pas ta vie redevenir celle que j'étais quand j'étais près de vous. Je n'ai pas besoin de ta souffrance, Ma maman chérie, pour être bien si loin de toi. J'ai besoin de voir que tu prends soin de toi, de papa, de mes frères et sœurs avec autant d'amour que tu l'as fait et que tu le ferais encore pour moi si j'étais là. La meilleure façon, Maman adorée, de m'aimer maintenant c'est de t'aimer toi. Montre moi que tu revis sans moi, ta force, ton courage. Je veux te voir rire, cesser de pleurer, cesser de te battre contre un monde qui ne te donnera rien en échange de moi, rien pour te consoler. S'il te plait , Maman, redeviens la maman de quand j'étais là, pleine de vie.... Et je serais en paix. Je t'aime."
Voilà, Véronique ce qu'il me semble que tu dirais, en autre, à ta maman avec tout l'amour que tu as pour elle. Alors fais le, Véronique, va lui dire au fond de son cœur combien tu aimerais qu'elle revive, dis lui que ce n'est pas mal de rire à nouveau même quand on a perdu une des plus belles choses de sa vie. Dis lui que ce sera encore une belle belle preuve d'amour pour toi que d'être à nouveau ta maman d'avant le drame. Dis lui qu'elle "se fiche" d'autrui et de ce que peuvent bien penser les autres, quand ils la verront à nouveau être heureuse. Dis lui combien tu veux la voir, toi, heureuse.....
Tu sais, Véronique, moi je ne crois pas à une vie dans un au delà. Je crois que tu dors paisiblement avec dans ta mémoire endormie tous les beaux souvenirs liés à tes parents, à ta famille. Mais je crois en Dieu, comme ta maman, je pense. Je crois, comme ta maman, que ce monde est pourri, que l'Amour n'existe plus beaucoup, que la justice est faussée et que la paix est un vain mot. Mais je me suis souvent dit : "Alors pourquoi nous sommes là ? Pourquoi, si Dieu existe, permet-il toutes ces souffrances injustes sans broncher? " J'ai souvent eu envie de perdre ma foi en lui, mais je n'y arrive pas. Quand je vois la Nature, la venue au monde d'un enfant, la beauté du ciel, la puissance du soleil etc.... je pense qu' il existe. Alors j'ai cherché des réponses et j'ai trouvé une explication logique à tout cela, qui me convient et m'apaise. Je crois en un monde terrestre meilleur, à venir où n'auront droit à la vie que ceux qui pratiquent vraiment les belles choses qui font que la vie est belle. Et je crois que revivront sur cette Terre ci tous ceux qui ont disparus et qui méritent de vivre ; Dieu a promis cela, il le fera. Je crois à une vie terrestre parfaite dans un monde débarrassé de haine et de souffrance et même de mort, parce que je crois que c'est ce que Dieu voulait au départ et qu'Il le veut toujours. (Luc 8 :49 à 56 - Apocalypse 21 : 3 et 4.) L'homme que j'aime, le papa de mes enfants et le grand père de mes petites filles adorées, Véronique, est atteint d'un mal incurable et est condamné à plus ou moins long terme. Cet espoir en ce monde meilleur me soutient, m'aide et me prépare à son départ, si ce n'est pas moi qui part avant lui brutalement. (Qui sais ?)
J'espère de tout cœur être dans ce monde, je fais tout pour le mériter et si j'ai voulu t'expliquer tout cela, c'est pour te dire, Chère Véronique, qu'une des premières personnes que je chercherai à rencontrer, dans ce paradis restauré, ce sera toi et ton éclatant sourire, car je sais que tu y seras. Comme j'aimerais alors voir ta maman se précipiter dans tes bras et toi dans les siens. Je crois à cela, Véronique. J'espère que j'aurai la chance de vous regarder discrètement vivre ces instants de bonheur pour toi et ta famille. Et cette pensée apaise la souffrance que j'ai quand je lis le chagrin immense de ta maman.
J'espère, Véronique, que tu ne m'en voudras pas d'avoir voulu un peu me mettre à ta place, ni ta maman, ni ton papa. Je ne souhaite vraiment qu'apporter une bien modeste contribution au courage dont a tant besoin ta famille, surtout ta si gentille maman. Comme tu as de la chance d'avoir une Maman qui t'aime tant.
Je t'aime aussi beaucoup, Véronique, et je souhaite te dire : A bientôt, au plaisir de te rencontrer dans ce monde meilleur que, dans le fond, tout le monde espère tant...."
Je n'écrirai plus à ta maman, Véronique, car je ne voudrais pas devenir "lourde" comme cela se dit aujourd'hui, pesante et ennuyeuse, avec des mots vides. Mais je ne vous oublierai pas et penserai à vous souvent. Je prendrai des nouvelles régulièrement sur ton site, attendant d'y lire, un jour la joie retrouvée de tes parents et à nouveau leur désir de vivre mieux.
Fais de grosses bises à ta maman pour moi.
Lucy |